Les mots de la fondatrice — Audrey Gary Nicolaou

 "C’est l’histoire d’une famille qui prend ses racines en Haute-Corrèze dont on retrouve la trace à partir du XIème siècle, une famille de gabariers* qui s’implanta dans la commune de Soursac à Spontour et ses environs et qui prospéra sur la Vallée de la Dordogne pendant des siècles grâce à ses légendaires gabares. Durant cet âge d’or, avant la création des barrages, 400 embarcations étaient produites annuellement. Elles transportaient en grande majorité du bois : du chêne pour faire des tonneaux pour les vignobles de Bergerac et Bordeaux et du châtaignier pour les ceps de vigne, matière première qui manquait dans le bassin des vignobles. Des chantiers navals au négoce du bois in situ, la chaîne était assurée.

Mon arrière-grand-père, Gabriel Chamfeuil, était médecin et maire de cette commune (1919-1945), succédant à son père Aimé Chamfeuil (1900-1919), il était le descendant de cette fière lignée de patrons-gabariers, c’était aussi un visionnaire qui participa activement à l’établissement du barrage de l’Aigle (1935-1945), barrage sur la Dordogne entrepris et achevé pendant son mandat. Le barrage sonna la fin de l’ère des gabariers, cela était aussi le cours inexorable du progrès et vous noterez l’ironie de l’anagramme. 

Le chantier du barrage fut un haut lieu de la Résistance, il abrita l’ORA (Organisation de Résistance de l’Armée) qui en juin 1944, équipée grâce à plusieurs parachutages, entre en action. Ses hommes se fondent avec ceux des FTPF et de l’Armée secrète, pour former les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) qui harcèlent les troupes allemandes. Comme l’ensemble du Sud-Ouest, la région du barrage de l’Aigle se libère seule de l’occupant, sans l’intervention des troupes alliées. 

Ce sont ces racines qui m'animent, ces valeurs de travail, de combativité, d’audace, de fidélité, d’humanité, d’amour de ma terre et de mon terroir qui résonnent dans ce nom. 

 En cette rentrée, au moment où Chamfeuil Capital se lance, comme un clin d’oeil, TF1** fait la part belle à mon petit village de Gaulois pour parler de son magnifique Viaduc, ouvrage d’une technologie unique au monde en 1915, mais aussi de sa beauté, de sa richesse, de cet écrin de biodiversité*** que j’affectionne tant.

Chamfeuil c’est tout cela en même temps, c’est une famille qui traverse les âges en transmettant ses valeurs de génération en génération et en étant toujours ouverte vers l’avenir et le progrès, c‘est aussi le respect et l’émerveillement face à la nature avec tout ce qu’elle nous offre et que nous devons préserver comme notre plus grande richesse."

*L’historienne Anne-Marie Cocula dans son ouvrage La Dordogne des Bateliers parle de ces gabariers qui « travaillent le fleuve comme les laboureurs travaillent les champs » et de poursuivre : « Mais il n’est pas de commune mesure entre la possession d’une filadière ou d’un gabarrot dont la valeur n’excède pas celle d’un mulet ou de quelques règes de mauvaise vigne, et la jouissance d’une barque au petit cabotage qui vaut bien une grande maison sise sous les arcades de la rue Fonneuve à Libourne : entre ces extrêmes s’étend la gamme des bateaux fluviaux. »

** Viaduc des rochers noirs : au chevet d’un centenaire | TF1 INFO

***classée au patrimoine de l’UNESCO en tant que réserve mondiale de biosphère